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Royal Club Philatélique Brainois

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Exposition internationale et bureau temporaire Braphil '15

RENOLLAUD Jacques                     Académie Européenne de Philatélie
Prisonniers Français en Angleterre – 1744 – 1815.  

Waterloo 21 Juin 2015 - Depuis 200 ans, deux ombres hantent le champ de bataille, WELLINGTON et NAPOLEON (pages 1 et 2).

Il est douteux qu’ils y reviennent pour y faire la fête.

Entendent-ils le sourd grondement de ceux qui y perdirent la vie, avec dans le fond la voix des blessés et des prisonniers ?

Que reste-t-il de ces milliers d’hommes et de tous ceux qui les ont précédés au cours des 72 ans de conflits entre l’Angleterre et la France ?

 Waterloo sera le dernier acte des guerres Franco-Anglaises. 15 ans plus tard s’ouvrira l’ère de l’ "Entente Cordiale" concrétisée par les visites de la Reine VICTORIA à LOUIS-PHILIPPE d’ORLEANS en 1843 et 1845 et par la signature en 1904 d’une série d'accords bilatéraux désignés sous ce nom.

Il nous reste de cette époque de guerres les lettres et récits des prisonniers.

 Environ 200.000 Français, (beaucoup moins d’Anglais), furent ‘hébergés’ contre leur volonté.

Selon le conflit, ces prisonniers furent de différentes sortes :

- Pendant la Guerre de Succession d’Autriche, de 1744 à 1748, la lutte, commencée par l’arraisonnement des navires marchands français en Atlantique, fut essentiellement sur mer. Ce furent donc surtout des marins militaires ou civils qui furent capturés. La plupart fut échangée de navire à navire ; très peu furent conduits en Angleterre. Le Traité d’Aix-la-Chapelle du 18 Octobre 1748 termina ce conflit.

On ne connait, à ce jour, que deux lettres, toutes deux provenant de Capitaines de navires marchands (page3).

- La Guerre de 7 ans dura un peu plus longtemps, de 1756 à 1763. L’origine en fut principalement les différends qui opposaient Anglais et Français en Amérique du Nord. LOUIS XV décida d’envoyer une escadre de deux divisions à destination de Louisbourg et Québec pour soutenir les colons français. George II ordonna alors à l’Amiral BOSCAWEN d’attaquer l’escadre française, ce qu’il fit en s’emparant de deux bateaux. Puis la flotte anglaise arraisonna des dizaines de bateaux de pêche et de commerce. Les prisonniers français emmenés en Angleterre furent mis dans des centres de captivité, prisons de ville, baraquements, casernes, ou villes ‘sur parole’ pour les officiers.

Le Traité de Paris signé le 10 février 1753 mit fin à la guerre et scella une alliance entre l’Angleterre et la France.

Une trentaine de lettres est répertoriée actuellement (page 4 à 6).

- Les hostilités reprirent avec la Guerre d’Indépendance Américaine en 1778.

Depuis 1775 les colons britanniques se sont insurgés contre leur Métropole pour des raisons économiques. Treize États ont proclamé leur Indépendance par le Congrès du 4 juillet 1776. Le 6 février 1778, la France passa un traité d’alliance et d’amitié avec les insurgés.

Le Comte de ROCHAMBEAU traversa alors l’Atlantique en 1780 avec 6.000 hommes.  

Le Traité de Paris signé le 3 septembre 1783 mit un terme à la guerre.

Trois lettres sont aujourd’hui connues (pages 7 et 8).

 - Les Guerres de la Révolution française. On appelle "Guerres de la Révolution française" les conflits qui ont impliqué la France révolutionnaire contre d’autres pays européens, souvent coalisés, durant la période comprise entre 1792 (guerre contre l’Autriche) et le traité d’Amiens de 1802.

La France déclara d’abord la guerre à l’Archiduché d’Autriche le 20 avril 1792. Le 21 janvier 1793, le gouvernement révolutionnaire exécuta Louis XVI. L’Espagne et le Portugal rejoignirent la coalition anti française en janvier 1793 et, le 1er février, la France déclara la guerre à l’Angleterre et aux Provinces-Unies.

La campagne d’Irlande (1796-1798) et celle d’Egypte (1798-1800) furent des conflits particulièrement dirigés contre la Grande Bretagne.

La première se solda finalement par un échec à la bataille de Ballinamuck en Irlande le 8 septembre 1798.

Les prisonniers français furent aussitôt transférés à Liverpool en Angleterre, par suite du climat insurrectionnel qui régnait en Irlande, avant d’être rapidement échangés.

Deux lettres peuvent lui être attribuées, en particulier la procuration du Capitaine LA ROCHE, un officier de l’Etat-Major du Général HUMBERT, adressée le 31 Mai 1799 de Liverpool au Commissaire de la Marine à Rochefort et contresignée par le Président et le Secrétaire du ‘Comité du Dépôt des prisonniers de Guerre français à Liverpool’ (fig .1) (page 9).

La campagne d’Egypte n’eut pas plus de succès par suite de l’intervention du HMS ‘Tigre’, vaisseau du Commodore Sidney SMITH qui, accompagné du HMS ‘Theseus’, empêcha Napoléon BONAPARTE de prendre St Jean d’Acre le 21 mai 1799.

Sydney SMITH venait de Constantinople où, en mission secrète, il avait signé le 5 Février 1799, un accord anglo-turc. Un article de cet accord stipulait que les 30 conseillers militaires français auprès de l’armée turque devenaient ses prisonniers de guerre à bord de son bateau.  

Aucune lettre de prisonnier n’a été répertoriée. Les Anglais, après les avoir désarmés, avaient remis à terre tous les prisonniers faits pendant cette campagne, la distance jusqu’en Angleterre étant trop longue et les frais de leur entretien trop élevés.

Seul le passeport de l’un des prisonniers faits à Constantinople, Joseph CHABERT, Commissaire de Marine, est ici montré. Il l’autorisait à rentrer en France à bord d’un plénipotentiaire (Fig.2) (page10-11).

Quant aux prisonniers faits en d’autres circonstances, en Angleterre leur courrier devait passer par les Commissionaires for Taking Care of Sick and Wounded Seamen and for Exchanging Prisoners of War usuellement connus sous le nom de Sick and Hurt Board jusqu’au 22 décembre 1799 quand le Transport Office dépendant de l’Amirauté prit en charge les ‘Commissaires’ puis, en 1806 remplaça complètement le Sick and Hurt Board jusqu’à sa fermeture en 1817.

En France, les lettres destinées aux prisonniers étaient regroupées à l’Agence Nationale des Postes aux Lettres à Paris créée le 13 mai 1795 qui leur faisait bénéficier d’un tarif réduit à 15 centimes en port payé obligatoire.

La Paix d’Amiens mit fin aux hostilités le 25 mars 1802.

- Les Guerres Napoléoniennes : Le traité d’Amiens ne fut qu’un répit, la guerre reprit dès mai 1803.

Embargo et chasse aux navires ennemis furent réciproques.

Du côté anglais, le 16 mai 1806, un ‘Order in Council’ déclara le blocus des côtes européennes de Brest à l’Elbe, auquel répliqua Napoléon par le Décret de Berlin du 21 Novembre 1806 décidant d’un Blocus Continental.

En France, le courrier, d’abord totalement interdit puis seulement autorisé par le Cartel de Morlaix à partir de 1812, utilisa toutes les voies possibles pour contourner le blocus : voies extérieures, cartels d’échange des prisonniers ou fraude.

La page 24 montre une de ces lettres de France en Angleterre ; transmise de la main à la main jusqu’au Transport Office à Londres qui la mit à la Poste en port dû.

Cette lettre est la seule connue adressée à un émigré de 1793 qui, ayant refusé de rentrer en France à la Paix d’Amiens, fut considéré et traité en prisonnier sur parole à la reprise des hostilités. Il resta à Bristol pour aider un prêtre anglais à y construire l’église St-Joseph et une école (Fig. 3) (page 24).

Le marquage ‘P’ sur certaines lettres découle d’une demande du Transport Office pour différencier celles des prisonniers qui lui sont adressées (page 30).

Quant au marquage ‘Not Paid’, le transport du courrier gratuitement par la Poste et l’obligation du pré paiement pour celui destiné à la France, amenèrent les agents du Transport Office à l’apposer pour éviter tout désagrément financier aux postiers auxquels serait attribuée l’absence de paiement préalable (pages 31 et 32). La seconde est la seule connue intérieure à l’Angleterre avec la marque ‘Not Paid’.

La bataille de Leipzig, l’avancée des Alliés en France et l’abdication de Napoléon furent suivis du Traité de Paris du 30 Mai 1814 qui mit fin aux hostilités en envoyant Napoléon à l’île d’Elbe.  

- La Guerre des Cent Jours : sa brièveté du 22 mars au 22 juin 1815, malgré le nombre de prisonniers français faits à Waterloo (8.000), ne permit pas un grand échange de lettres. Quatre sont actuellement connues (page25-26). Dans la lettre exposée, l’auteur explique comment il a été fait prisonnier à la bataille de Waterloo.

Le second traité de Paris signé le 20 novembre 1815 renvoya les prisonniers dans leurs foyers.

- Cinq documents sont présentés :

Le premier (page 37-38) est le décret organisant l’envoi du courrier de la France vers les prisonniers en Angleterre.

Les 4 autres (pages 39 à 43) concernent la vie des prisonniers en Angleterre.